Deuxième chapitre : Le destin est parfois cruel...
Le gardien baissa la tête et plongea son regard dans celui de la jeune fille. Manon le fixa pendant quelques secondes, elle n’avait pas peur, bien au contraire puisqu’elle était fascinée par ce pokémon.
Au bout d’un moment, Diamant releva sa tête.
— Merci de m’avoir libéré, jeune humaine, mais si tu l’as fait cela veut dire que nos deux mondes sont malheureusement en danger.
Les deux adolescents écarquillèrent les yeux, le pokémon légendaire n’avait pas parlé, ils venaient d’entendre sa voix dans leur esprit.
Il sourit devant leur étonnement et expliqua.
— Je vous parle par télépathie puisque dans ce monde je ne peux pas parler de vive voix, comme nous allons devenir très proche, pourrais-je connaître ton nom, jeune fille ?
— Manon Inzuki et voici Ryû, mon frère, répondit-elle avec calme.
— Et quel âge as-tu, Manon ? demanda Diamant de sa voix douce.
— Quinze ans.
— Tu es bien jeune...
— Peut-être, mais l’âge ne veut rien dire, je connais des dresseurs plus jeune que moi, qui sont très doués, rétorqua Manon d’une voix ferme.
— Jeune, mais courageuse, admit-il en poussant une sorte d’aboiement toussé.
Les deux Inzuki comprirent que c’était sa façon de rire, soudain Ryû se crispa.
Il venait de se souvenir de la gravité de la situation. Le jeune homme retourna s’asseoir et sortit trois choses de sa besace. Une lettre, un sac à dos et une
hyper ball. Il posa le tout sur la table à côté de la luxe ball et fit signe à sa soeur de s’asseoir en face de lui.
Elle s’exécuta tout en lui jetant un regard intrigué et légèrement soucieux. Diamant, lui, s’allongea sur le tapis.
— Lis.
Elle attrapa la lettre que lui tendait son frère et commença la lecture du papier.
« Ma fille, si tu lis cette lettre, cela veut dire que ton frère t’a raconté la vérité. Nous n’avons jamais voulu t’abandonner, mon coeur, mais nous n’avons tout simplement pas le choix, j’espère que tu le comprendras. Dans le sac que Ryû va te donner, tu trouveras de l’argent, des vêtements, des vivres et tout ce dont tu vas avoir besoin. Je te lègue mon seul pokémon, Ruby, j’espère qu’il te sera utile. Il sait que tu es son nouveau maître. Je te donne également notre carnet où tu trouveras toutes nos notes scientifiques. Ta mère t’aime, elle aussi et te souhaite de réussir. Si nous avions une autre solution, nous l’utiliserions.
Méfie toi de Devil et n’oublie jamais que nous t’aimons. »
Joey, ton père
Manon retint ses larmes, elle se recroquevilla et posa la lettre sur la table. Son gardien tourna sa grosse tête vers elle et la regarda avec affection, son rôle était de la protéger, de l’aider, mais il savait que pour le moment, elle devrait tenir toute seule.
— Petite soeur, regarde-moi.
Ryû avait parlé d’une voix douce, mais pressante.
Il aurait préféré lui laisser le temps de se remettre, d’accepter la vérité, mais il savait qu’ils n’en avaient pas le temps. Le jeune homme détestait devoir lui infliger cela, mais il n’avait pas le choix.
— Notre père te donne son Typhlosion. Quant à moi, je te confie Phénix.
Sa soeur tressaillit et leva la tête vers lui, Phénix était son meilleur pokémon, son meilleur ami.
— Non, Ryû, je ne peux pas accepter, tu... Bredouilla-t-elle.
—Je ne veut pas que Lucas ou l’un de ses sbires s’en empare ! Et tu auras besoin d’un pokémon puissant. Moi, j’en ai suffisamment.
Il posa la luxe ball dans la main de sa soeur et rangea la hyper ball dans le sac ainsi que la lettre et le carnet. Puis il ferma le sac, prit sa besace, la mit sur son épaule et alla s’accroupir en face de sa soeur.
D’une main douce, il la força à le regarder.
— Même s’ils ne seront plus là, ils seront toujours dans nos coeurs, en plus tu pourras compter sur Diamant, Phénix, Ruby et tes autres pokémon. Quant à moi, je dois te laisser pour le moment, j’ai des choses à faire seul, mais dès que j’aurai fini, je te rejoindrai. Pour le moment, rends-toi chez le professeur Orme, il s’occupera de toi, il est déjà au courant de tout. Je t’aime.
Ryû avait murmuré les deux derniers mots, il embrassa sa soeur sur le front, se leva et baissa la tête vers le Suicune.
— Puis-je compter sur vous ? demanda-t-il d’une voix respectueuse.
Diamant se leva et soutint le regard du jeune homme.
— J’admire ton courage et ton amour pour ta soeur, humain, sache que je ne l’abandonnerai jamais, après tout, ceci est mon rôle et mon destin.
Le gardien n’avait adressé ses mots qu’au garçon. Celui-ci inclina la tête, jeta un dernier coup d’oeil à sa soeur et quitta la pièce.
— Ryû, attends !!!
Le jeune homme ignora le cri de sa soeur et ferma la porte. Deux minutes plus tard, il sortit de l’hôtel et regarda la fenêtre du salon privé. Les larmes qu’il avait contenu jusque-là coulèrent.
— Au revoir, petite soeur...
Manon se réveilla en sursaut, Diamant qui était allongé sur un vieux tapis grogna, mais ne se réveilla pas. Par contre, un Mentali allongé sur le lit de la jeune fille la regarda d’un air inquiet.
— Men...
La jeune fille chuchota, assez sèchement
— Tout va bien, Menphis, j’ai juste fait un cauchemar. Reste là, je vais me chercher à boire.
Elle descendit du lit, et quitta la pièce silencieusement. Referma la porte et soupira.
Cela faisait une semaine. Une semaine que son frère l’avait abandonnée, sept jours qu’elle avait rencontré le Suicune. Entre-temps, elle s’était rendu dans la maison du professeur, une villa rose assez grande avec un immense terrain et plein de pokémon et se trouvant à Bourg Gong. Elle avait aussi apprivoisé ses deux nouveaux pokémon et s’était rendu compte qu’ils lui obéissaient parfaitement. Elle avait également dressé et entraîné sa nouvelle équipe composée de Menphis, un Mentali fidèle et possédant de grands pouvoirs psychiques, Lunaire, un jeune Noctali shiney très espiègle et téméraire, Ruby, un Typlosion costaud et courageux, Étincelle, un Raichu ayant de l’énergie à revendre. Et un Dracaufeu protecteur et solitaire nommé Phénix. Sans oublier Diamant, son pokémon gardien et un magnifique Suicune.
Pour finir, elle avait appris, la veille au soir, que sa maison et le laboratoire de ses parents avaient brûlé. On y avait retrouvé les cadavres de ces derniers, par contre aucune trace de son frère ce qui l’avait rassuré. Bizarrement, elle n’avait pas pleuré, au contraire. Elle avait senti une vague de rage l’envahir et s’était promis de venger ses parents.
Manon revint au temps présent, elle descendit l’escalier et se dirigea vers la cuisine, elle se servit un verre d’eau, le but, et alla s’asseoir à la table. Elle sortit de sa poche une feuille de papier provenant du carnet de note de ses parents et la lut pour la dixième fois observant l’écriture fine et soignée de sa mère avec nostalgie.
Les balls sacrées
Le 6 janvier 2010
Il existe différentes balls tout le monde le sait, mais je tiens en mentionner trois qui sont méconnues et pourtant si importantes. Ce sont les balls sacrées de Diamant, Volcan et Foudre.
La première se nomme l’Ice ball, elle peut contenir Diamant et uniquement lui, elle est faite de cristal et elle est incassable. La deuxième est la Fire ball, celle de Volcan, elle est faite de rubis.
Enfin la Spark ball est celle de Foudre. Ces trois balls sont uniques et bien cachées. Seul les trois élus pourront les ouvrir et ne faire qu’un avec leurs occupants. Sachez aussi qu’elles ne sont pas des balls ordinaires, elles permettent à leur possesseur de communiquer avec leur gardien.
Ayumi Inzuki
La jeune fille grimaça en remettant la feuille dans sa poche, elle se doutait que sa mission ne serait pas simple car avant de pouvoir affronter et arrêter Devil, elle devait trouver les deux autres élus et leurs balls. Soudain, la porte d’entrée s’ouvrit et le professeur Orme entra. C’était un homme d’une trentaine d’années, portant des lunettes rondes, une blouse blanche et étant toujours joyeux. Ses vêtements et ses cheveux étaient trempés. Pas étonnant vu la météo, cela faisait trois jours qu’il pleuvait des cordes.
Il parut surpris de voir son invitée et remonta ses lunettes dans un mouvement automatique.
— Tu n’es pas au lit, à cette heure ?
— J’avais soif et je n’avais plus sommeil, répondit-elle d’un ton détaché.
Le professeur acquiesça, il n’était pas dupe, mais il n’avait pas envie de se battre avec elle. Surtout en ce moment.
Car depuis que la jeune adolescente dormait chez lui, il entendait tous les soirs des cris et une respiration heurtée. Elle faisait des cauchemars, mais n’en parlait jamais.
— J’ai dû aller en ville pour voir mon frère, il a une bronchite, le pauvre. Sais-tu que son fils Brice a ton âge ?
Comme elle secouait la tête, il sourit et continua.
— Il se trouve que c’est un garçon juste, honnête et...
— Où voulez-vous en venir, professeur ?
La voix avait claqué comme un fouet, polie certes, mais sèche et froide. Le pauvre homme soupira, regarda son hôte droit dans les yeux et lui répondit.
— Brice a toutes les qualités du deuxième élu, il est juste, sage et prudent. En plus de ça il est très cultivé. Il aime aussi énormément les pokémon et il a m’a souvent dit qu’il se sentait proche des pokémon feu notamment des chiens de feu. De plus, j’ai l’intuition qu’il pourrait avoir un lien avec toi.
— Et ?
— Et je pense qu’il pourrait être le deuxième élu puisque le gardien de ce dernier est un chien de feu.
Un silence pesant dura pendant quelques secondes, ensuite Manon soupira et dit d’une voix froide.
— Même s’il l’était vraiment, on n’a pas la Fire ball, donc aucun moyen de vérifier votre théorie. Je commence à croire que c’est sans espoir.
— Cette fois, cela suffit !
Le professeur s’était levé et avait crié. La jeune fille le regarda d’un air étonné.
— Qu’est ce qui vous prend ?! s’exclama-t-elle.
— Ce qui me prend ? Tu as changé, voilà ce qui me prend ! Avant tu étais toujours joyeuse, tu n’abandonnais jamais, tu aimais tes proches et tes pokémon. Je ne te reconnais plus, tu n’es plus la fille à qui j’ai remis Menphis qui n’était encore qu’un Evoli, il y a cinq ans !
Un silence gêné s’ensuivit. Puis Manon leva la tête et dit d’une voix tremblante.
— Vous... Vous avez raison. Je n’ai pas pour habitude de perdre espoir, je ne sais pas ce qui m’a pris...
— Je sais que ce n’est pas facile pour toi, après tout tu es encore bien jeune et tu viens de perdre une partie de ta famille. Mais tu es probablement le seul espoir qu’il nous reste puisque les deux autre élus ne sont probablement pas au courant de leur destinée, murmura le professeur Orme.
La jeune fille acquiesça et réfléchit. Bon, elle avait changé et s’était montrée injuste avec le professeur et ses pokémon et pire encore elle avait perdu espoir... Alors qu’elle avait des pokémon et un ami prêts à tout pour l’aider. Elle se devait de changer d’attitude alors elle se leva sous le regard étonné de l’homme, puis murmura.
— Je vais reprendre ma mission, mais d’abord je veux vous demander quelque chose, à vous et à mes pokémon. Pourriez-vous m’attendre dehors ?
— Bien sûr, mais que veux-tu...
Il se tut, la jeune fille avait disparu.
Manon entra dans sa chambre, elle y trouva son Mentali et son Suicune allongés face à face, ils semblaient communiquer malgré le silence qui régnait dans la pièce.
Menphis aperçut en premier sa maîtresse, il se leva et alla se frotter contre les jambes de l’adolescente. Manon se baissa et le caressa entre les deux oreilles.
Le pokémon psy sembla surpris de ce geste d’affection, mais il ronronna en fermant les yeux.
— Descend dans le jardin, s’il te plaît, on te rejoint, murmura gentiment Manon à son pokémon.
— Men !
Le Mentali lécha la main de la jeune fille et s’éloigna. Celle-ci se leva et s’apprêta à le suivre.
— Attends. J’aimerais te parler.
Surprise, elle s’arrêta et se tourna. Diamant s’était levé et la regardait d’un air songeur.
— Oui ? Que se passe-il ? demanda l’élue, intriguée.
— Que s’est-il passé en bas ? Menphis et les autres m’avaient averti que tu avais changé de comportement, qu’avant tu étais gentille avec eux et les autres personnes ou pokémon.
Il ignora la grimace de sa protégée et reprit.
— Et ce soir, tu es redevenu toi-même alors je m’interroge...
Manon soupira et murmura.
— Le professeur et moi on a eu une discussion à propos de tout ça et j’ai réalisé le changement en moi alors je l’ai supprimé.
Le Suicune acquiesça et s’approcha d’elle. Il lui donna un coup de tête affectueux et descendit à son tour.
Cinq minutes plus tard, la jeune fille et ses pokémon ainsi que le professeur se tenaient dans la partie abritée du jardin. La jeune Inzuki se tenait en face de ses amis. Elle soupira et les regarda avec détermination.
— Je suis consciente du fait que j’ai été injuste et égoïste ces derniers temps.
Le professeur Orme voulut protester, mais la jeune fille lui fit signe de la laisser continuer.
Oui, injuste et égoïste sont les mots qui conviennent, j’ai également abandonné ma mission, donc ce soir, je m’excuse.
Elle se tut quelques secondes et reprit.
— Je suis consciente que ce cela ne suffira pas, mais je vous promets de me reprendre et si jamais vous voulez m’abandonner, je ne vous en voudrai pas.
Elle se tut derechef et avant qu’elle puisse reprendre...
— Graw !
Surprise, Manon se tourna vers Phénix qui avait poussé un grognement menaçant, le Dracaufeu noir alla se planter devant sa nouvelle dresseuse et baissant la tête plongea son regard dans celui de l’élue.
— Graw, graw, gr. -> T’abandonner ? Alors que j’ai promis à Ryû de veiller sur toi ?! Mais ça ne va pas ?!
La jeune fille cligna les yeux et murmura.
— Merci, Phénix.
Certes, elle n’avait pas compris ce que voulait dire le dragon, mais le message était clair, il continuait avec elle.
Elle se tourna ensuite vers Menphis couché près de Lunaire, le turbulent Noctali.
— Et toi ?
— Menta -> Moi aussi, je viens avec toi, je suis ton premier pokémon et tu ne m’as jamais déçu.
Le chat violet se leva souplement et alla se coucher à côté de son amie qui le regarda, avec reconnaissance.
— Et vous autres ?
— Nocta, noctali ! -> Bien sûr que je viens ! Sauver le monde doit être amusant !
Le Noctali bondit et alla s’asseoir à côté de Menphis.
— Rai. -> Je t’aime et tu es une bonne dresseuse alors pour moi c’est évident.
— Typhlo, grr. -> Tu es la fille de Joey et je veux venger mon maître.
Manon remercia ses pokémon et se tourna vers le professeur.
— Pour moi le choix ne se poses même pas, j’ai promis à ton frère de t’aider et je le ferais.
— Merci professeur.
Elle pivota vers Diamant et l’interrogea du regard. Ce dernier se leva lentement et s’approcha, il plongea son regard dans celui de la jeune fille.
En voyant la détermination, l’affection et le respect qui y brillait, elle tressaillit, imité par les autres.
Sans un mot, le Suicune s’allongea devant elle. Le message était clair. Il ne l’abandonnerait jamais.